Etats généraux du multilinguisme

Grand Amphithéâtre de la Sorbonne
47 rue des Écoles
Paris

Vendredi 26 Septembre 2008

Dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne et à l’occasion de la Journée européenne des langues, la France organise les États généraux du multilinguisme qui réunira des responsables de l’ensemble des pays européens pour débattre de la question du multilinguisme sous quatre angles : les systèmes éducatifs, la circulation des biens culturels, la compétitivité économique et la cohésion sociale. En marge de cette rencontre se tiendra une Fête des langues destinée à sensibiliser la population à la diversité linguistique de l’Europe.

Les Etats généraux du multilinguisme. organisés conjointement par le ministère des Affaires étrangères et européennes, les ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et le ministère de la Culture et de la Communication, se dérouleront le 26 septembre 2008 au Grand amphithéâtre de la Sorbonne.

Thèmes abordés

  1. « Multilinguisme et systèmes éducatifs »
    Mme Marisa CAVALLI
    M. Guido DI STEFANO
    Mme Viviana DUC
    Mme Rita FRANCESCHINI
    M. Antonio GIUNTA LA SPADA
    Mme Gisella LANGE
  2. « Multilinguisme, traduction et circulation des biens culturels »
    Mme Simonetta AGNELLO HORNBY
    M. Luciano BARISONE
    M. Pietro BELTRAMI
    M. Paolo FABBRI
    M. Amara LAKHOUS
    Mme Nicoletta MARASCHIO
    M. Aldo SCHIAVONE
    M. Salvatore SETTIS
    M. Antonio TABUCCHI
  3. « Multilinguisme, compétitivité économique, cohésion sociale et emploi »
    M. Michelangelo BALICCO
    Mme Silvana CERAVOLO
    M. Rodolfo DANIELLI
    Mme Fiorella KOSTORIS PADOA SCHIOPPA
    Mme Giulia MARCONE
    M. Lodovico PASSERIN D’ENTREVES

Informations
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Permettez-moi, afin de vous faire entendre le son originaire de la langue italienne, de vous faire part de la citation latine, d’un humaniste peu connu, Ermolao Barbaro, à propos de la traduction : « Non est tam rendere quam certare ». Il ne s’agit pas de rendre, mais de se battre. Traduire n’est pas seulement traduire la forme, mais également des forces. Les langues comportent les deux composantes. A cet égard, je crois que l’intervention de Monsieur Martinez Martinez a montré combien la traduction n’était pas un simple compte rendu, mais plutôt le procès conflictuelle que l’on n’a cesse de mener.

J’avais préparé une intervention un peu plus longue, mais un événement s’est produit, qui va m’obliger entre autre à changer de langue. Dans ce contexte, plusieurs actes langagiers peuvent être effectués. On m’avait demandé une communication, mais le hasard a voulu que des amis et des collaborateurs me demandent de lancer un appel. Or dans la hiérarchie performative des actes linguistiques, l’appel prime la communication. Je souhaiterais donc vous transmettre cet appel, et l’exhortation à y apposer votre signature. Le voici, en français, suivi d’une liste de premiers signataires :

« Pour une politique européenne de la traduction.

A moins de se renier elle-même, l’Europe ne se construira pas sans respecter la pluralité de ses langues. Deux voies s’offrent à elle : généraliser le recours à un dialecte de transaction, pour favoriser les échanges, au risque d’un appauvrissement collectif, ou bien se réjouir de la diversité linguistique, et la garantir pour permettre une meilleure compréhension réciproque et un vrai dialogue.

L’Union européenne, du moins à l’intérieur de ses frontières provisoires, a assuré la circulation des marchandises, des capitaux et des hommes. Il est tant qu’elle se donne pour tâche de faire circuler les savoirs, les œuvres et les imaginaires, renouant ainsi avec les moments fertiles de l’Europe historique. Il est tant que les Européens apprennent à se parler à eux-mêmes dans leur langue. Valoriser les langues de l’Europe contribuera à réconcilier les citoyens avec l’Europe. La traduction joue là un rôle politique essentiel.

Car une langue n’est pas seulement un instrument de communication ni un patrimoine ou une identité à préserver. Chaque langue est un filet différent jeté sur le monde. Elle n’existe que dans son interaction avec les autres. En traduisant, on approfondit sa singularité et celle de l’autre. Il faut comprendre au moins deux langues pour savoir que l’on en parle une. Parce qu’elle est dépassement des identités, expérience des différences, la traduction doit être au cœur de l’espace public européen, qu’il incombe à tous de bâtir, dans ses dimensions citoyennes et institutionnelles, dans ses composantes culturelles, sociales, politiques, économiques.

C’est pourquoi nous appelons à la mise en œuvre d’une véritable politique européenne de la traduction, qui reposerait sur deux principes : mobiliser tous les acteurs et secteurs de la vie culturelle – enseignement, recherche, interprétariat, édition, arts, médias – structurer tant les dynamiques internes de l’Union que ses politiques extérieures en garantissant concrètement l’accueil des autres langues en Europe, et l’intelligence des langues d’Europe ailleurs dans le monde. Dans la traduction, le projet européen puisera une énergie renouvelée. »

Voici ses premiers signataires : Adonis, Vassilis Alexakis, Etienne Balibar, Tahar ben Jelloun, Yves Bonnefoy, Michel Deguy, Emmanuel Demarcy-Mota, Claude Durand, Umberto Eco, Maurizio Ferraris, Michèle Gendreau-Massaloux, François Jullien, Julia Kristeva, Eduardo Lourenço, Amin Maalouf, Robert Maggiori, Federico Mayor, Ariane Mnouchkine, Jacqueline Risset, Fernando Fernandez Savater, Juergen Trabant, Heinz Wismann. J’ajoute Paolo Fabbri et vous aurez ensuite la possibilité, au premier étage de la Sorbonne, d’en faire de même.

Carlos Pinto Cohelo, notre amphitryon, m’indique qu’il ne me restent que cinq minutes pour ma propre communication. Je la résume donc par ces quelques remarques et réflexions tout en m’excusant auprès des traducteurs, à qui j’avais donné mon papier initial à publier ensuite.

Première remarque. S’il est vrai et évident que l’une des questions fondamentales de la traduction est celle de sa qualité, et bien la meilleure traduction sera celle qui enrichit à la fois la langue de départ et la langue d’arrivée !

Par ailleurs, et c’est mon deuxième point, il n’existe pas de traduction définitive, car la langue d’arrivée ou « cible » dans laquelle on transpose la langue de départ ou « source », change sans cesse. Les langues ne sont pas des jeux d’échecs, mais des organismes vivants. Il n’y a donc pas de « dernier mot » d’une traduction in fine, mais toujours des discours à « re-traduire ». N’est-ce pas la définition même de liberté ? La liberté n’est-elle pas précisément le fait que personne ne saurait avoir le dernier mot et qu’il existe toujours la possibilité de le substituer ou d’en ajouter un autre ? La traduction est un jeu d’exercice contraint, mais aussi un lieu de liberté d’expressions et de contenus.

Mon troisième point porte sur l’intraduisible, ce qui est par définition, tout ce qu’il vaut la peine de traduire. En effet, s’il y a bien une chose qu’il faut traduire, et bien c’est l’intraduisible, c’est-à-dire la réserve de sens d’une autre culture pour la notre, et qui nous force à lui répondre de façon créative. Pour le grand sémioticien de Tartu, Youri Lotman : « les difficultés à traduire nous obligent à faire éclater nos langues, dans une grappe de métaphores ».

Je m’aperçois d’être passé tout naturellement au français. Je reviens maintenant à mon italien pour deux dernières réflexions.

Les traductions dont je parle ne sont pas seulement des traductions linguistiques mais également sémiotiques, ayant trait à tout système de signes, avec leurs supports sensibles différents et avec toutes les formes de communication que cela implique – en littérature, cinéma, théâtre, télévision et les autres formes d’art. Si cela est vrai, nous devons traduire/transcoder les langues mais aussi les cultures: le langage étant le modèle primaire sur lequel s’établissent tous les modèles culturels, à savoir les autres systèmes et procès de signification et de valeur.

Je souhaiterais terminer par la question de l’identité, linguistique et/ou culturelle. Pendant longtemps, nous avons pensé les langues en termes identitaires. Les résultats n’ont pas été brillants dans le passé et durant le siècle qui vient de commencer. La formule d’Umberto Eco pour qui la traduction est la langue d’Europe me semble heureuse. Les identités du Continent qui n’est plus Vieux parce qu’il vient de se renouveler vont perdurer, mais, selon le philosophe Paul Ricoeur, il s’agira d’identités narratives. Ni les identités traditionnelles, fixés dans le temps, dans les espaces et dans les hiérarchies, ni les identités aléatoires, immédiates et éphémères du présent médiatique, mais des identités en procès de transformation. Nous avons et nous aurons d’autant plus besoin de ces identités en devenir, auxquelles l’activité de traduction saura apporter son soubassement, ainsi que son énergie et dynamisme. Merci.


Può accadere che il buon senso – quello ovvio e moralista – coincida con il senso comune – quello che fonda ogni meccanismo di significazione. Almeno sulla proposizione che segue: “la maggior parte della popolazione della terra è multilingue e multiculturale”. Sembra infatti che tra 5 o 8,000 gruppi etnici risiedano in 160 stati nazioni. E nonostante i massicci fenomeni di estinzione – tra un secolo le 5 o 6000 lingue del globo si ridurranno, forse, al migliaio- altre lingue e culture “creole” si formano e si affermano, tra incessanti fenomeni ‘tran-idiomatici”. Anche all’interno di una lingua e/o di una cultura, si moltiplicano le variazioni e i dissidi tra tipi di discorsi singolari e irriducibili: basti pensare alle religioni o alle scienze, alla letteratura o alla tecnologia. Insomma, la molteplicità semiotica e culturale non è un enunciato “postmoderno”, politicamente corretto, ma una evidenza fattuale, da cui dobbiamo partire per pensare la tensione del presente e del futuro di tutti.

È la nostra Babele quotidiana.

Che dire allora e che fare? Praticare l’esotismo, quello un po’ floscio delle tolleranze a parole o quello radicale delle intransigenze incommensurabili? Centellinare le differenze tra l’alieno e l’altro, lo stesso e l’identico? Comparare la polifonia ‘globale’ degli enunciati e delle enunciazioni linguistiche, dei valori e delle prospettive culturali? Chiedere la nostra verità all’Altro o usare della tradizione altrui come stratagemma metodologico, per interrogare l’impensato della nostra? Ibridare lasciando credere che ci siano stati ceppi o radicali puri?

Forse. Ma a nome di quale significato generale, di quale esteriorità di giudizio, dato che ogni possibile terzo é incluso nelle pieghe dello stesso abito di Arlecchino? L’interdisciplinarità non basta. I saperi degli psicologi, antropologi, filosofi e semiologi non sono semplicemente sommabili: fanno parte anch’essi della nostra interna multiculturalità. Anche nel /dialogo/ dei saperi , la particella /dia/ marca la distanza.

Probabilmente siamo così sovrappensiero da perder di vista un concetto sottomano: il tradurre. È evidente che la multiculturalità impone uno sforzo costante e ininterrotto di Traduzione, linguistica e culturale. Attività senza garanzie di senso ultimo e di metalinguaggio definitivo. L’ultima parola, – verità o valore – una volta tradotta diventa immediatamente la penultima. Nessun testo tradotto può essere attestato per sempre e le traduzioni sono sempre da rifare.

Questa Traduzione non è parola per parola, ma discorso per discorso; non riguarda solo il linguaggio, ma tutti i sistemi di segni (visivi, uditivi, gustativi, ecc.). Trasposizioni, adattamenti, rifacimenti sono all’ordine del giorno nei confronti – contatti e scontri- tra culture. Il criterio non è la verità, ma la fedeltà provvisoria e l’efficacia pragmatica: come tradurre il non detto, gli impliciti, le allusioni, l’ironia? come fare quando il senso immediato di una forma di vita viene trasposto nelle metafore di un’altra? Inoltre non si traducono solo gli enunciati, ma anche le enunciazioni, cioè l’intersoggettività e l’oggettività iscritte in ogni discorso.

In Traduzione molto si perde e molto si trova: è la condizione per porre “il lontano vicino, senza smarrire la distanza” (C. Geerz). Non ci sarà versione definitiva dato che verrà riflessivamente rinnovata in funzione degli effetti che saprà e potrà ottenere. Non è soltanto comunicazione ma trasformazione: il traduttore è un traditore, inevitabile e indispensabile.

E l’intraducibile? È proprio ciò che val la pena di tradurre. È la riserva di senso di una cultura (source) per l’altra (target); è quello che obbliga.

quest’ultima a rispondere in modo innovativo “con un grappolo” – dice J. Lotman – “di nuove metafore”.

Per un grande umanista, Ermolao Barbaro, tradurre non est tam reddere quam certare. Traducendo dalla grande lingua europea, il latino “non si tratta tanto di rendere ma di battersi”.

Ecco perché i metalinguaggi teorici sono sufficienti, ma non del tutto necessari: nel tradurre le lingue e nel trasporre i segni sono all’opera racconti, metafore, argomentazioni; parola e scrittura certo, ma anche dispositivi visivi e musicali. Importante è il ragionamento, ma anche le diverse forme di intelligibilità implicate in tutti i generi discorsivi e in tutte le pratiche di senso. Le identità sono narrative e la narrazione è esperimento mentale e morale. La filosofia implicita in ogni teoria e discorso è quella dell’intercessore (G. Deleuze) tra i discorsi differenti e le diverse culture.

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