Camoufler le visible, exhiber l’invisible

Dans le cadre du projet ANR IDiViS :
« Images et dispositifs de visualisation scientifique »
coordonné par Anne Beyaert-Geslin
sous la responsabilité scientifique du LISaV
(Laboratorio Internazionale di Semiotica a Venezia)

Dipartimento delle Arti e del Disegno Industriale
Università Iuav di Venezia

Sede dell’ex-convento delle Terese
Dorsoduro 2206
Venezia

18 – 19 Décembre 2008

Argument

Quand on parle de camouflage on pense aux soldats qui, avec la figure barbouillée, avec des combinaisons mimétiques, avec des mouvements furtifs, essayent de passer inaperçus des ennemis pour les attaquer par surprise. Ou on pense à la ruse des animaux faibles qui, pour éviter l’attention de leurs prédateurs, reproduisent sur leur corps des formes et des couleurs du milieu dans lesquelles ils sont. Ou encore on pense aux félins dangereux et aux rapaces terribles qui utilisent l’invisibilité pour être redoutables. Dans le double jeu entre prédateurs et proies, le mot de passe, pour tous les fabricants de l’invisible est efficacité. Arme puissante de défense et d’offense, le camouflage, dans la tension qu’il établit entre être et paraître, déploie une vaste gamme de stratégies interactives et des tactiques du visible. Mais si l’invisibilité est l’objectif primaire du camouflage, c’est ne pas le seul. Les humains et les autres animaux se camouflent non seulement pour se rendre invisibles mais aussi pour se montrer, lorsque, avec ostentation voyante, ils assument les traits d’autres humains ou d’autres animaux.
Après avoir enquêté la tension entre visibilité et invisibilité déployée par le camouflage dans les arts et dans le design grâce à un colloque qui s’est récemment déroulé à Venise, on invite les participants du séminaire ANR IDiViS à se demander si et comment ces dynamiques se déroulent aussi dans les domaines de la science et de la technique, et plus précisément dans le domaine des images et des dispositifs de visualisation scientifique.
Puisqu’on peut dire que les images scientifiques et les dispositifs de visualisation scientifique ont presque toujours à voir avec l’exhibition de l’invisible, nous invitons avant tout à réfléchir non pas sur la captation des donnés et sur leur visualisation brute, mais sur le travail de « post-production » que les images subissent pour être publiées ou utilisées dans une recherche, une fois que les données sont visualisées. Pendant la « post-production» des images scientifiques il y a souvent tout un travail de mise en évidence ; est-ce que y-t il a aussi un travail de camouflage ?
La question de la manipulation et du remaniement des images, surtout avec la diffusion des images électroniques et des logiciels pour les manipuler est à l’ordre du jour dans la communauté scientifique : pour exemple, depuis deux ans le Journal of Cell Biology a commencé à contrôler les images pour détecter si les photos des articles envoyés pour la publication étaient manipulés et à quel niveau. Plus en général, chaque revue tend à adopter des standards pour la manipulation des images et il y a des opérations qui ne sont pas admises, comme le camouflage des parties de l’image avec des autres parties de l’image.
Si ce trait du camouflage et de l’image scientifique penche vers la question de la fraude, déjà traitée par Françoise Bastide, on peut aussi penser à des usages du camouflage qui visent à hiérarchiser les données et donc à en dissimuler certains pour en rendre d’autres évidentes.
Au-delà de ces questions liées au traitement de l’image scientifique, on peut aussi aborder la relation entre visibilité et invisibilité dans les domaines de la visualisation techno-scientifique et le rôle qui joue le camouflage à partir d’autres points de vue :
– le camouflage d’images non-scientifiques en images scientifiques, comme il arrive dans certaines annonces publicitaires ou dans certaines séries télévisées ;
– en redonnant relevance à la captation des données, les façons de camoufler les dispositifs pour capter l’image de certains animaux ;
– les dispositifs de visualisation pour le « décamouflage » dans le domaine artistique, c’est-àdire pour la détection des copies des tableaux.(pour le LISaV, Paolo Fabbri, Patrizia Magli, Alvise Mattozzi, Tiziana Migliore)

18 Décembre
Salle E
IUAV, siège de Palazzo Badoer
S. Polo 2554 – Venezia

9.30 Accueil

10.00 Alvise Mattozzi (LISaV, Università Iuav di Venezia)
Présentation de la thématique

10.30 Francis Edeline (Groupe Mu, Université de Liège)
Le camouflage dénoncé

11.15 pause

11.30 Patrizia Magli (LISaV, Università Iuav di Venezia)
Morfologie dell’invisibile

12.15 Simona Morini (Università Iuav di Venezia)
Bio-mimetismo: design ispirato dalla natura (titre à confirmer)

13.00 pause

15.00 Stephanie Requier (Université de Liège)
L’expression de l’invisible et l’occultation du visible dans les représentations architecturales (titre à confirmer)

15.45 Sophie Houdart (Université Paris X, Nanterre)
Fragmentation, particularisation, pixellisation: Des manières d’être invisible dans l’architecture japonaise

16.15 Anne Beyart Geslin (CeReS, Université de Limoges)
Le dessin dans la conservation-restauration des œuvres d’art : Un jeu de cache-cache

17.00 pause

17.15 Marco De Baptistis (LISaV, Università di Siena)
Da Prison Break a Windowlicker: steganografia e camouflage della tecnica

19 Décembre
Salle G
IUAV, siège de l’ex-couvent des Terese
Dorsoduro 2206 – Venezia

9.30 Catherine Allamel Raffin (IRIST, Université de Strasbourg 1)
Camouflage et hiérarchisation des données : quelques exemples pris dans les nanosciences, en astrophysique et en pharmacologie

10.15 Sebastian M. Giorgi (Université de Limoges)
L’image : camouflage de la doxa dans la science

11.00 pause

11.15 Hamid Belghazi (Université de Limoges)
Les modèles mathématiques, camouflage et exhibition de la réalité

12.00 Amirouche Moktefi (IRIST, Strasbourg – LHSP Archives Poincaré, Nancy)
Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas dans un diagramme logique

12.45 pause

14.30 Mauro Turrini (PASTIS, Università di Padova)
Contare cromosomi: citogenetica e immagini (titre à confirmer)

15.15 Luciano Boi (EHESS, Paris)
Diagrammi, interazioni, trasformazioni: tessere le forme e i significati dell’invisibile (titre à confirmer)

16.00 Jean Marie Klinkenberg (Groupe Mu , Université de Liège)
L’image scientifique : rendre visible à tout prix

16.45 Paolo Fabbri (LISaV, Università Iuav di Venezia)
Conclusions

Print Friendly, PDF & Email

Lascia un commento