Sémiotique & Diachronie

Congrès de l’Association Française de Sémiotique

Université de Liège (Belgique)

Place du 20 Août
4000 Liège

12 – 14 Juin 2013

Mercredi 12 Juin 2013
h. 9.45

Conférences plénières – Président de séance : Sémir Badir

Paolo Fabbri (Milan)
“Liquider la sévère antinomie” (L. Hjelmslev)


Argumentaire
Toute à la quête de modèles opératoires puissants, la sémiotique a fréquemment négligé d’aborder le phénomène de la variation des objets sur lesquels elle porte son attention. Sans doute a-t-elle eu des raisons de se donner pour tâche prioritaire de modéliser ces objets. Il n’en reste pas moins que l’actualisation de ceux-ci varie spectaculairement, et cela le long des axes temporels, géographiques et sociaux. Une diversité qui est aussi du côté des modalités d’énonciation, d’appropriation et de réception de ces objets. De la mise à l’écart — provisoire — de ces phénomènes a découlé une relative pauvreté des instruments qui devraient permettre à la sémiotique de penser ce phénomène de la variation, et notamment une certaine pauvreté de sa pensée socio-historique. Cette carence est un paradoxe dans la double mesure où, d’une part, notre discipline prend pour objets principaux des phénomènes culturels, de toute évidence touchés par la variation, et où, d’autre part, Ferdinand de Saussure inscrivait explicitement la linguistique comme partie de la sémiologie, celle-ci étant comprise à son tour comme une partie de la psychologie sociale.

La sémiotique est aujourd’hui une discipline mûre, dont les procédures descriptives, quoique loin d’être unifiées, ont atteint un haut degré de finesse et d’opérationnalité. Il est sans doute temps de lui donner les moyens d’aborder le phénomène de la variation, dans ses dimensions temporelles, spatiales, sociales et stylistiques.

Plusieurs raisons plaident pour qu’on aborde le phénomène par son biais diachronique. D’abord parce que c’est cette variation-là qui a été le plus explicitement neutralisée par une pensée qui s’est méthodologiquement voulue synchronique. Ensuite, parce que la temporalité est une dimension essentielle des procès auxquels la sémiotique s’est ouverte au long de la dernière décennie, comme la praxis énonciative, l’implication du sujet, les formes de vie ou la sémiogenèse. Il n’est par conséquent plus possible de limiter à la transformation narrative — même dans ses formes les plus avancées (analyse aspectuelle, rythme, etc.) à l’intérieur des énoncés — toute forme temporelle de variation.

Dans son fameux article « L’actualité du saussurisme » (1956), par lequel il introduit véritablement le structuralisme linguistique en France, A.-J. Greimas plaidait d’ailleurs déjà pour la réconciliation des perspectives historique et synchronique dans les sciences du langage : « On commence à comprendre […] comment la structure linguistique peut être saisie dans son développement historique : il suffit pour cela d’assouplir la conception par trop mécanisée de la forme linguistique et d’introduire, à la place du postulat d’équilibre structurel, la notion plus souple de “tendance à l’équilibre” […], ou plutôt, dirions-nous, de “tendance au déséquilibre”, le progrès historique consistant toujours dans la création de nouvelles structures dysfonctionnelles. »

Le Congrès de Liège se donnera comme programme l’examen critique des instruments que la sémiotique a déjà développés, pourrait ou devrait développer pour mieux comprendre la variation diachronique, qui peut se manifester à travers des formes particulières de métamorphose du texte, de son énonciation et de ses pratiques. Sans que la liste ne soit limitative, les participants aborderont les questions qui suivent : comment décrire la dynamique des systèmes, dans leur double tendance à l’équilibre et au déséquilibre ? comment évaluer les forces à l’œuvre dans cette dynamique ? comment apprécier la série de gestes particuliers — inséparablement théoriques et idéologiques — rendus nécessaires par la prise en compte de la diachronie dans la théorie : périodisation, terminus a quo / ad quem, évolution, tradition, filiation, généalogie, diversification et unification, « progrès » et « déclin » … ? et comment penser ces gestes comme autant de sémiotisations du vécu ? comment modéliser les variations liées à la diachronie aux autres variations : celles qui viennent du milieu social, des styles plus ou moins singuliers ?

Les propositions seront soumises anonymement aux experts du comité scientifique. Les critères qui inspireront ces derniers (pour accepter ou refuser les propositions, ou encore demander des précisions et ou des réorientations aux auteurs) sont la pertinence sémiotique de la communication, son adéquation au thème du congrès et son originalité. Le comité se réserve le droit de décider des modalités de communication : pour des raisons de cohérence thématique ou de gestion du programme, il pourra notamment recommander la formule du poster pour certaines communications, ce qui n’implique aucune différence de qualité.

Les résultats de la sélection seront communiqués le 15 janvier 2013.


Information :
www.afs2013.ulg.ac.be/www/AFS-2013/Accueil.html

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